Montréal, 6 mars 2025

Hydro-Québec doit faire mieux

Plusieurs préoccupations ont été exprimées au cours des dernières semaines au sujet de la construction d’un nouveau poste électrique dans le Quartier latin. J’en ai pris une connaissance attentive. Une chose est claire pour moi : Hydro-Québec doit faire mieux pour concevoir le projet optimal.

Qu’est-ce que cela veut dire? Selon moi, pour réussir, il faut remplir trois conditions fondamentales.

1) d’abord répondre aux besoins grandissants des Québécois en les pourvoyant d’un service électrique fiable;

2) ensuite, assurer l’acceptabilité sociale du projet;

3) enfin, accomplir le projet au coût le plus abordable possible.

Il est essentiel de trouver l’équilibre entre ces trois critères de réussite.

Au départ, la nécessité du projet s’impose si on veut continuer de répondre aux besoins croissants en électricité du Quartier latin. C’est notre motivation première.

Le poste actuel a été mis en service il y a presque 60 ans. Il est en fin de vie et atteindra sa pleine capacité dans moins de 5 ans. Il dessert présentement 28 000 clients, notamment des piliers d’activités collectives cruciales comme les centres de recherche du CHUM, l’Université du Québec à Montréal et le métro. La demande dans le quartier va forcément continuer d’augmenter pour alimenter et rendre possible des projets essentiels du secteur, tels les appartements d’étudiants du Méridien, les logements abordables du site Molson et la décarbonation du CHUM. On doit aussi prévoir un accroissement de la demande pour l’électrification des transports. N’oublions pas l’extension de la ligne bleue et la croissance du nombre de véhicules électriques dans cette zone particulièrement achalandée qui passera de 800 aujourd’hui à plus de 15 000 dans les prochaines années.

Face à ces besoins, il est clair que le statu quo ne peut en aucun cas s’avérer viable.

Cela dit, la condition fondamentale, qui n’est pas au rendez-vous présentement, est l’acceptabilité sociale. Plusieurs intervenants ont fait entendre à cet égard des inquiétudes légitimes. L’actuel poste Berri n’inspire rien de bon. C’est une installation strictement électrique, conçue selon les façons de faire de l’époque. Elle est un problème en soi – en fait, le problème à solutionner. Le nouveau poste ne saurait s’inscrire dans la même continuité puisque nous devons, en 2025, relever d’autres défis et satisfaire à d’autres exigences.

À la suite des appréhensions que j’ai entendues, nous devons changer notre approche, voire procéder à une réévaluation exploratoire de nos options. Il s’impose d’investir dans un projet de développement urbain qui ira beaucoup plus loin que la construction d’un poste. Nous allons répondre aux besoins et aux attentes de la communauté qui souhaite voir se concrétiser un projet architectural iconique, voué à la création d’un maximum d’espaces verts et culturels, tout autant qu’à l’attrait et au dynamisme du Quartier latin.

Hydro-Québec examine déjà de nouvelles hypothèses et modalités pour assurer un impact réel et positif sur le quartier. Prochainement, nous reviendrons vers le public et les intervenants du milieu pour partager ces idées, dialoguer et bonifier notre démarche. Cet échange s’ajoutera aux consultations publiques qui se tiendront tout au long de la réalisation du projet et du BAPE auquel il sera soumis.

Ultimement, la version finale qui émergera de ces consultations devra aussi répondre au critère des coûts. Un tel projet entraînera des investissements qui pourraient s’élever jusqu’à un milliard de dollars. Certaines options envisagées pour le poste Berri pourraient même accroître ces coûts significativement.

Hydro-Québec est prête à engager des sommes importantes pour créer un véritable projet de développement urbain pour le Quartier latin, en gardant à l’esprit que ces coûts se refléteront inévitablement sur les tarifs chargés à la population. Il faut donc mener le projet de manière rigoureuse et réfléchie, de façon à maintenir des tarifs abordables. C’est un engagement clair de notre part.

Selon moi, il est tout à fait possible, avec beaucoup de créativité et d’ambition, de satisfaire à toutes les conditions de réussite.

Soyons ouverts d’esprit et créons, pour l’ensemble du quartier, le projet optimal dont nous serons fiers pendant des décennies.


Michael Sabia, président-directeur général d’Hydro-Québec


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